mer. 18 février 2025

Narges Mohammadi demande à l'ONU de criminaliser l'apartheid de genre comme en Iran

Narges Mohammadi Photo: VOA - Voice of America via Wikimedia Commons Domaine public

La militante iranienne Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix 2023, emprisonnée dans son pays pour sa défense des droits humains, souhaite que l'ONU criminalise l'apartheid de genre et considère que l'imposition du voile islamique aux femmes est l'un des fondements de « despotisme » en Iran.

Dans une interview publiée jeudi par le magazine français Elle, à laquelle il a répondu profitant de ses trois semaines d'absence en décembre pour raisons médicales, Mohammadi affirme avoir terminé l'écriture de son autobiographie, qu'il compte publier, et qu'il travaille sur un autre livre sur le harcèlement sexuel contre les femmes détenues en Iran.

La lauréate du prix Nobel insiste sur le fait que « le régime islamique considère la soumission des femmes comme un point stratégique pour asseoir son pouvoir et maintenir sa domination non seulement sur les femmes mais sur la société dans son ensemble. Car en imposant le voile obligatoire, non seulement le corps des femmes est contrôlé, mais la société dans son ensemble est rendue responsable de la tutelle du mari et de l'enfant."

C’est pourquoi il estime que « si cette domination peut être abolie, le despotisme sera renversé ».

Pour Mohammadi, la mission la plus importante des lauréats du prix Nobel, en particulier au Moyen-Orient, est d’amener l’ONU à criminaliser « l’apartheid de genre », c’est-à-dire le fait que les femmes ont un statut juridique inférieur à celui des hommes.

C'est pourquoi elle a écrit une lettre au secrétaire général de l'ONU, António Guterres : nous devons lutter contre ces régimes et ces gouvernements qui ignorent les droits des femmes, les relèguent, leur rendent la vie impossible, les mettent en danger ou les obligent à rester au pouvoir. »

Selon son analyse, la réponse au régime iranien par « la poussée du peuple vers la démocratie, la liberté et l'égalité est imparable », même s'il reconnaît que « le chemin ne sera pas exempt d'obstacles ».

Mohammadi, âgé de 52 ans et purgeant une peine de prison depuis 26 ans pour son militantisme en faveur des droits de l'homme, notamment contre la peine de mort et pour les droits des femmes, purge actuellement à la prison d'Evin, à Téhéran, une peine de 13 ans qui a été qui lui a été imposé en novembre 2021, auxquels s'ajoutent quinze mois supplémentaires pour propagande contre le régime de la République islamique d'Iran.

En novembre, on lui a enlevé une tumeur à la jambe et, comme il a dû subir une série de contrôles médicaux, le 4 décembre, il a obtenu un congé de trois semaines.

Concernant son état de santé, il affirme que son corps est « fragilisé » par trois années de détention sans permis pendant lesquelles il s’est vu refuser des soins médicaux, mais il assure que son état mental « est en acier ».

Sa sortie de prison provisoire en décembre lui a permis de s'entretenir par visioconférence avec ses deux enfants, Ali et Kiana, 18 ans, réfugiés à Paris, avec lesquels il n'avait pas pu s'entretenir depuis deux ans en raison de son régime carcéral, et de qu'il n'a pas vu depuis dix ans.

Il souligne que « dans une prison politique iranienne, il n’y a pas de place pour la normalité » car, « au-delà du fait qu’il y a des innocents détenus arbitrairement, l’isolement est l’un des instruments de torture les plus fréquemment utilisés ». EFE

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