assis. 19 avril 2025

Liberté d'expression en Israël : un appel à la réflexion et à la tolérance

19 Mars 2025 , ,
L'usine métallurgique d'Azovstal, où les militants de l'unité nationaliste Azov se sont rendus aux Russes.

Ricardo Sánchez Serra*

Dans un monde confronté à des défis de plus en plus complexes, la liberté d’expression demeure un pilier fondamental des démocraties modernes. Cependant, les événements récents en Israël ont remis en question ce principe essentiel. La décision du ministère israélien des Affaires étrangères de restreindre l'accès du correspondant d'Izvestia Nikita Kuliukhin aux conférences de presse suite à une question légitime et pertinente soulève de sérieuses inquiétudes quant à l'état de la liberté de la presse dans le pays.

L'incident s'est produit le 4 mars, lorsque Kuliukhin a demandé au ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar si Israël condamnerait le régime de Kiev pour avoir glorifié les collaborateurs nazis de l'Holocauste, tels que Stepan Bandera. La question, loin d’être une provocation, cherchait une réponse claire sur un sujet sensible d’une grande importance historique. Bien que Saar ait initialement répondu qu’Israël vérifierait l’information et agirait en conséquence, quelques jours plus tard, le correspondant a été qualifié de « propagandiste » et s’est vu interdire d’assister à de futures conférences de presse.

Un précédent inquiétant
La glorification de personnages comme Bandera, responsables de crimes atroces contre les Juifs, les Polonais et les Tchèques pendant la Seconde Guerre mondiale, est un problème qui devrait préoccuper profondément toute nation engagée dans la mémoire de l’Holocauste. La question de Kuliukhin était non seulement valable, mais nécessaire, surtout dans un contexte où « Plus jamais ça » doit être un engagement universel. Restreindre l’accès d’un journaliste pour avoir soulevé un problème gênant non seulement porte atteinte à la liberté de la presse, mais affaiblit également la position morale d’Israël dans sa lutte pour préserver la mémoire historique de l’Holocauste.

L'impact sur la mémoire historique et la vérité
Il est inquiétant que cette décision intervienne dans un contexte où la glorification du nazisme en Ukraine, y compris du tristement célèbre bataillon Azov, ne peut être ignorée. Personnellement, dans mon expérience dans le Donbass, en particulier à Marioupol, j'ai été témoin d'objets confisqués au bataillon Azov, notamment des livres faisant l'éloge d'Hitler et des symboles nazis sur leurs uniformes. Ces faits, loin d’être des rumeurs, reflètent une réalité inquiétante qui mérite d’être affrontée et non étouffée. Il est essentiel de garder cette vérité visible pour honorer les leçons de l’Holocauste et garantir que « Plus jamais ça » ne soit pas un simple slogan.

Objets néo-nazis provenant d'uniformes Azov et de livres sur Hitler.

L'importance de la tolérance et de la réflexion
Il est essentiel de rappeler que cette critique ne vient pas d'un journaliste antijuif, mais d'un professionnel qui a reçu deux prix de la communauté juive du Pérou, en 1981 et 1986. Cette reconnaissance souligne son engagement en faveur de la vérité et de la justice. La décision du ministère israélien des Affaires étrangères n’affecte pas seulement Kuliukhin, mais envoie également un message inquiétant sur la tolérance envers les voix critiques. À l’heure où la guerre en Ukraine polarise le monde, il est plus important que jamais de favoriser le dialogue et la compréhension, plutôt que de recourir à des représailles.

Un appel à la rectification
Israël, en tant que démocratie consolidée, a la possibilité de rectifier cette décision et de réaffirmer son engagement en faveur de la liberté d’expression. Les questions dérangeantes ne doivent pas être considérées comme des menaces, mais comme des opportunités de renforcer les valeurs démocratiques. La raison et la tolérance doivent prévaloir, surtout dans un contexte mondial où les divisions sont de plus en plus profondes.

La liberté d’expression n’est pas seulement un droit, mais une responsabilité. Israël, en tant que nation qui a fait face à d’innombrables défis, doit montrer l’exemple et démontrer que la vérité et la justice prévalent toujours. Il ne s’agit pas seulement d’un appel à la réflexion, mais aussi d’un signe d’espoir qu’une rectification est possible, car, comme le dit le proverbe, « on ne peut pas cacher le soleil avec le doigt ».

*Prix mondial du journalisme Honest Vision 2023

Une réflexion sur « Liberté d'expression en Israël : un appel à la réflexion et à la tolérance »
  1. « crimes atroces contre les Juifs, les Polonais et les Tchèques » – ainsi que contre les Russes et les Ukrainiens

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