jeu. 20 mars 2025

Le test de la détermination du président Trump

Le président Donald Trump serre la main du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi en 2017. (Photo officielle de la Maison Blanche par Shealah Craighead)

Par Yoni Ben Menachem

La proposition du président Donald Trump de relocaliser environ 1,5 million de Gazaouis en Égypte et en Jordanie a déclenché un tremblement de terre politique dans le monde arabe.

Les dirigeants de la région sont encore aux prises avec ses implications, cherchant des moyens d’atténuer son impact ou d’y résister complètement, craignant d’éventuelles répercussions de la part des États-Unis. La mise en œuvre du plan migratoire de Trump pour Gaza constitue un défi majeur, et le monde arabe observe de près sa capacité à persuader les dirigeants égyptiens et jordaniens de soutenir son plan.

Selon des responsables américains au courant du dossier, Trump prend sa proposition au sérieux : il ne s’agit pas d’une suggestion théorique. Trump est désormais confronté à un test crucial qui déterminera la manière dont le monde arabe le perçoit. Selon les commentateurs et experts arabes, son leadership est mis à l’épreuve. L’absence de détermination pourrait nuire à son influence dans la région.

Pendant et après sa rencontre à la Maison Blanche avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu le 4 février 2025, Trump a révélé de nouveaux détails sur ses plans pour Gaza. Il a annoncé que « les États-Unis... Les États-Unis prendront le contrôle de Gaza, la raseront et enlèveront les bombes et les maisons détruites.

Il a déclaré que « les Palestiniens n’ont pas d’autre choix que de partir, et [Gaza] deviendra une zone internationale ».

Trump a souligné que « l’Autorité palestinienne aura du mal à contrôler Gaza » et, concernant la solution à deux États, il a déclaré : « Nous devons tirer les leçons de l’histoire : ce qui n’a pas fonctionné pendant des décennies ne fonctionnera jamais. »

Les dirigeants égyptien et jordanien, respectivement le président Abdel Fattah al-Sisi et le roi Abdallah II, se trouvent également dans une situation précaire. Ils sont confrontés à un examen minutieux de la part de leurs citoyens et doivent décider s’ils résistent au plan de Trump ou acceptent la pression américaine. Vont-ils se rendre à Trump ou rester fermes ?

Pour contrer cette proposition, al-Sisi a déjà organisé des manifestations de masse dans la ville égyptienne de Rafah, une démarche stratégique visant à exprimer son opposition. Les gouvernements arabes ont souvent recours à ces tactiques pour susciter un sentiment public opposé aux politiques auxquelles ils s’opposent.

Toutefois, la fragilité du paysage politique en Égypte et en Jordanie pourrait rendre ces manifestations passives. Les Frères musulmans, un puissant mouvement d'opposition, ont organisé des manifestations de grande ampleur au Caire et à Amman ce week-end.

Les responsables de la sécurité prédisent que si des manifestations de grande ampleur éclatent, les gouvernements arabes les réprimeront tout en organisant des manifestations conformes à leurs intérêts.

Derrière les portes closes, al-Sisi et Abdallah se disent favorables à la défaite du Hamas à Gaza et en Cisjordanie. Le Hamas, filiale des Frères musulmans, représente une menace directe pour son régime, tout comme les Frères musulmans l’ont fait lors du renversement du président égyptien Hosni Moubarak en 2011. Ils voient la guerre actuelle à Gaza comme une opportunité d’affaiblir le mouvement.

Toute perception d’une victoire du Hamas enhardirait les groupes d’opposition islamistes et menacerait la stabilité de leurs régimes. En public, cependant, les deux dirigeants maintiennent un équilibre délicat. Ils doivent résister au plan de Trump pour éviter des réactions négatives dans leur pays et protéger leur position internationale.

Il n’est pas inconcevable qu’ils aient communiqué en privé leur soutien conditionnel à la proposition, à condition que Trump exerce suffisamment de pression pour donner l’impression qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de s’y conformer.

Le 1er février 2025, al-Sissi a convoqué une conférence au Caire avec les dirigeants de cinq pays arabes et le secrétaire général de la Ligue arabe. Le sommet s'est conclu par un rejet formel du plan d'immigration de Trump, accompagné de déclarations chargées rhétoriquement. Cependant, rares sont ceux dans la région qui prennent au sérieux les résultats ou les déclarations de la conférence.

Trump voit sa proposition comme une opportunité immobilière, affirmant qu'elle améliorera non seulement les conditions de vie des Palestiniens à Gaza, mais renforcera également la sécurité nationale et les perspectives économiques d'Israël. Il envisage que les entreprises égyptiennes jouent un rôle dans la reconstruction de Gaza. Trump considère Gaza comme une zone à fort potentiel économique, avec un emplacement attractif pour des projets commerciaux et immobiliers.

Les prochaines semaines seront un moment déterminant pour le leadership de Trump. Il accueillera Abdallah à la Maison Blanche, puis al-Sisi, pour les persuader d’accepter son plan.

Il a promis de se rendre en Israël et à Gaza, et le monde arabe observe attentivement sa progression pour voir s’il peut concrétiser son projet. Leur capacité à mettre en œuvre cette mesure constituera un test crucial de leur détermination.

source: Centre de Jérusalem pour la sécurité et les affaires étrangères

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