assis. 22 mars 2025

Le sommet de la Ligue arabe : un test pour le monde arabe

Salle de réunion de la Ligue arabe au Caire. (Photo : Alyssa Bernstein/Flickr/CC BY-NC 2.0)

Les yeux du monde arabe sont tournés vers le prochain sommet d’urgence de la Ligue arabe, prévu le 27 février 2025 au Caire. Cette réunion est considérée comme une étape importante dans la définition de la position du monde arabe sur la question palestinienne.

Pour les Palestiniens, ainsi que pour l’Égypte et la Jordanie, le sommet représente une opportunité cruciale de contrer ce qu’ils perçoivent comme des politiques américaines et israéliennes visant à démanteler la cause palestinienne et à imposer des solutions unilatérales.

Selon ces nations, les pays arabes sont désormais confrontés à un sérieux test de leur unité pour faire face à ces défis.

La préoccupation la plus pressante est le projet du président Donald Trump de relocaliser les Palestiniens de la bande de Gaza vers d’autres pays de la région, une décision largement perçue comme une menace directe à la sécurité nationale arabe.

Le sommet d'urgence devrait être un moment crucial dans la réponse du monde arabe aux défis régionaux croissants, en particulier le soutien sans réserve de l'administration américaine à Israël et ses efforts pour établir de nouvelles réalités sur le terrain, qui, selon elle, sapent les droits des Palestiniens.

Une opportunité stratégique pour exercer une pression

De hauts responsables de la sécurité s'attendent à ce que les Palestiniens, l'Égypte et la Jordanie tentent d'utiliser le sommet comme levier pour faire pression sur la communauté internationale afin qu'elle s'oppose au plan d'immigration de Trump. Son objectif est de pousser les acteurs mondiaux au-delà des condamnations verbales vers des actions concrètes.

Les responsables de l’Autorité palestinienne (AP) insistent sur le fait que le sommet doit envoyer un message clair et sans équivoque à Washington et à Jérusalem : toute solution unilatérale qui porte atteinte aux droits des Palestiniens ou menace la sécurité nationale de l’Égypte et de la Jordanie sera fermement rejetée.

Les Palestiniens interprètent le plan d’émigration de Trump comme une tentative d’Israël de tirer profit du soutien indéfectible des États-Unis tout en déplaçant le problème des réfugiés palestiniens vers les pays voisins.

Un haut responsable de l’Autorité palestinienne prévient que le monde arabe se trouve désormais à la croisée des chemins : il doit choisir entre rester passif ou prendre des mesures décisives pour forcer les grandes puissances à reconsidérer leurs politiques.

Mesures proposées pour discussion au sommet du Caire

De hauts responsables palestiniens ont avancé plusieurs propositions pour le sommet :

1. Défier les intérêts américains:examen de mesures visant à réduire l’influence américaine dans la région, y compris d’éventuelles restrictions sur les bases militaires américaines, si Washington continue de soutenir la politique israélienne.

2. Réévaluer la solution à deux États:un possible rejet de la solution à deux États et de l’Initiative de paix arabe si Trump continue de promouvoir le plan de relocalisation de Gaza.

3. Renforcer les liens avec les puissances mondiales alternatives:approfondir les relations diplomatiques et économiques avec la Chine, le Brésil, la Russie et l’Inde, pays qui s’opposent à la domination américaine et soutiennent les droits des Palestiniens.

4. Réconciliation palestinienne:Promouvoir la réconciliation entre le Fatah et le Hamas, en mettant l’accent sur l’intégration du Hamas dans l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et sur la fin de son contrôle exclusif sur Gaza. Une telle démarche pourrait répondre aux préoccupations occidentales qui ont retardé les efforts de secours et de réhabilitation, tout en présentant les Palestiniens comme une entité politique unie en quête d’une solution globale.

Un moment décisif pour la diplomatie arabe

De hauts responsables de l'Autorité palestinienne (AP) affirment que le sommet du Caire est un test historique de la volonté du monde arabe de protéger les Palestiniens des attaques américaines et des pressions israéliennes. Si la conférence ne parvient pas à empêcher Trump de mettre en œuvre son plan de relocalisation, cela créerait un précédent dangereux pour l’efficacité de la Ligue arabe.

Ils soulignent que ce sommet ne peut pas être simplement symbolique : il doit conduire à des changements tangibles dans les dynamiques de pouvoir régionales et internationales. Que ce soit par l’influence économique, des alliances stratégiques ou un soutien direct aux Palestiniens, une action décisive est nécessaire pour garantir que la cause palestinienne ne soit pas mise à l’écart.

Le succès du sommet ne se mesurera pas seulement à la rhétorique, mais à la mise en œuvre de mesures concrètes qui envoient un message clair aux États-Unis et à Israël : la question palestinienne ne peut être éliminée, et une résolution juste doit être fondée sur l’équité politique, et non sur des solutions imposées.

Une vision pessimiste ?

Malgré l’importance du sommet, le pessimisme plane sur le monde arabe.

De nombreux pays arabes se montrent peu enclins à remettre en cause la politique de Trump, et la frustration face au régime du Hamas à Gaza est généralisée.

Le 10 février, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré dans une interview accordée à Al-Arabiya« Le Hamas devrait abandonner le pouvoir si les intérêts palestiniens l’exigent, en particulier compte tenu de l’aggravation de la crise dans la région. »

Deux jours plus tard, l'éminent journaliste saoudien Tarek Hamid a fait écho à ce sentiment dans un article pour Asharq Al-Awsat, affirmant que les intérêts palestiniens nécessitent le départ du Hamas et exhortant l'Autorité palestinienne à tenir compte de la position de Gheit.

Des sources de l'AP craignent qu'en cas d'échec du sommet arabe, Trump se sente encouragé à accélérer son plan de relocalisation des Palestiniens hors de Gaza. Le sommet à venir n’est donc pas une simple rencontre diplomatique : il s’agit d’un test décisif pour le rôle du monde arabe dans la définition de l’avenir des Palestiniens.

source: Le Centre de Jérusalem pour la sécurité et les affaires étrangères

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