ven. 18 avril 2025

La Turquie fait un pas de plus vers un régime autocratique

Recep Tayyip Erdogan Photo : Orhan Erkılıç - https://www.voaturkce.com/a/kahramanmaraslilar-reisi-desteklemek-icin-geldik/7102087.html via Wikimedia Commons Domaine public

Par Gallia Lindenstrauss

La décision d’arrêter le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu et de lui révoquer son diplôme universitaire, l’empêchant ainsi de se présenter aux futures élections présidentielles en Turquie, constitue un abus de pouvoir du gouvernement.

Le fait de priver le maire d'Istanbul de la possibilité de rester en fonction et de se présenter aux élections nationales – alors qu'il est le candidat favori aux élections présidentielles – marque un autre point bas dans la dérive de la Turquie vers un régime autocratique.

İmamoğlu, élu pour son premier mandat de maire d'Istanbul en 2019 après une campagne réussie sous le slogan « Tout ira bien », est désormais entaché d'allégations de corruption et de collaboration avec la résistance kurde.

Le timing de cette décision peut s'expliquer par le fait qu'il était attendu prochainement comme candidat à la présidence du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), et par la volonté du président turc Recep Tayyip Erdoğan d'éliminer la menace qu'il représente à un stade précoce de sa carrière politique intérieure.

L'arrestation d'İmamoğlu a déclenché une vague de protestations à travers la Turquie et a provoqué une forte chute de la valeur de la livre turque, indiquant que ce n'était pas une décision facile pour le gouvernement.

Une explication plus approfondie est donc nécessaire, au-delà de la simple question du temps.

Une explication suggère qu’Erdoğan ne croit pas que le coût à long terme de cette action soit élevé.

Il pense pouvoir réprimer les manifestations en déclarant des couvre-feux et en fermant les réseaux sociaux.

En outre, elle repose sur l’hypothèse que, sur la scène internationale, au-delà des condamnations symboliques, la Turquie restera un partenaire convoité pour l’Occident, quel que soit le niveau de répression intérieure.

Cette perspective s’appuie en partie sur « l’effet Trump » et les bouleversements que l’Europe a connus.

Une autre explication se concentre sur l’insécurité d’Erdoğan à la lumière des résultats des sondages peu flatteurs pour lui et son parti.

En théorie, suite aux succès de la Turquie en Syrie, à son succès dans la lutte contre la résistance kurde et à l’appel du leader kurde à déposer les armes, la position d’Erdoğan aurait dû être renforcée.

Cependant, le fait qu’il ne se contente pas de ces réalisations et qu’il prenne plutôt des mesures extrêmes pour affaiblir l’opposition reflète un manque de jugement, qui pourrait avoir des conséquences dangereuses, notamment pour les relations étrangères de la Turquie.

source: INSS – Institut d’études de sécurité nationale

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