Le tribunal correctionnel de Paris juge Mehdi Nemmouche, condamné à la réclusion à perpétuité en Belgique pour l'attentat du Musée juif de Bruxelles en 2014, pour avoir été, entre autres, le geôlier de quatre journalistes français en Syrie, retenus captifs pendant près d'un an.
L'enjeu central de ce procès, qui a débuté hier lundi et devrait durer jusqu'au 21 mars, sera de savoir si l'on pourra ou non prouver que Nemmouche était bien le geôlier identifié par des journalistes et humanitaires occidentaux qui partageaient sa prison en Syrie, ce qu'il a nié durant l'instruction.
L'affaire a été ouverte après l'arrestation de Nemmouche à Marseille le 30 mai 2014, six jours après avoir commis l'attaque antisémite au Musée juif de Bruxelles, où il avait fait irruption et assassiné quatre personnes de sang-froid en moins de deux minutes.
Lorsque sa photographie fut publiée dans la presse, les quatre journalistes français aux mains de l'Etat islamique depuis près d'un an en Syrie n'eurent aucun doute qu'il s'agissait de l'homme qu'ils connaissaient sous le pseudonyme d'Abou Omar, l'un des bourreaux qu'ils avaient eu durant leur captivité.
Les quatre - Didier François, Édouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres - avaient été enlevés en juin 2013. Ils étaient détenus dans une prison où ils rencontraient, entre autres, un autre journaliste, l'Espagnol Marc Marginedas, et deux humanitaires, l'Italien Federico Motka et le Britannique David Haines.
Tous ont été libérés au cours du premier semestre 2014, à l’exception de Haines, qui a été exécuté le 13 septembre de la même année.
Après neuf ans d'enquête, la justice française a décidé de traduire en justice Nemmouche, ainsi que quatre autres hommes, dont le Français Abdelmalek Tanem et le Syrien Kais al Abdallah, arrêté en Allemagne où lui et sa famille avaient obtenu l'asile.
Tanem, condamné en 2016 à neuf ans de prison pour s'être rendu en Syrie pour rejoindre le mouvement jihadiste qui contrôlait une partie du territoire du pays, est accusé d'avoir fait partie de l'équipe de geôliers.
Al Abdallah est accusé d'avoir participé à l'enlèvement et à la détention de Nicolas Hénin et Pierre Torres. Tous deux nient toute implication.
Deux chefs présumés du groupe jihadiste qui détenait entre ses mains depuis des mois les quatre Français et vraisemblablement morts en Syrie ou en Irak doivent également être jugés par contumace : le Belge Oussama Atar, cerveau des attentats de Paris du 13 novembre 2015, et le Français Salim Benghalem, lié aux auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015.
Nemmouche, qui aura 40 ans en avril, est originaire de la ville française de Roubaix, près de la frontière belge, a grandi dans une famille d'accueil et a un long casier judiciaire qui a commencé alors qu'il était encore mineur.
Dès son plus jeune âge, il a été emprisonné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun et c'est apparemment là que sa radicalisation religieuse s'est produite.
Des Occidentaux arrêtés en Syrie qui disent être passés entre ses mains ont souligné au cours de leur enquête qu'il jouait un rôle de premier plan et que son comportement allait de l'extrême violence à la perversion, l'exubérance et la mégalomanie.
Lors de sa première comparution au procès, Nemmouche a déclaré qu'il n'avait été le geôlier de personne en Syrie, mais "un soldat en première ligne" contre le régime de Bachar al-Assad. EFE
Le tueur du Musée juif de Bruxelles jugé en France comme geôlier djihadiste en Syrie
