L'Ukraine trahie

Pendant que Poutine gagne du temps, Trump se vante de sa trahison envers l’Ukraine et l’Europe et cherche un accord avec le satrape russe dans le style du tristement célèbre pacte de Munich de 1938.

par Ricardo Angoso

Tout comme ce fut le cas lors du sommet de Munich en septembre 1938, lorsque la France et le Royaume-Uni cédèrent les Sudètes à Hitler pour apaiser sa politique expansionniste en Europe, le président américain Donald Trump tente aujourd’hui d’apaiser le dirigeant russe Vladimir Poutine en cédant une partie de l’Ukraine pour arrêter une guerre et calmer les ambitions expansionnistes de la Russie. Il négocie déjà avec les Russes sans l’Ukraine, tout comme lorsque le sort de la Tchécoslovaquie s’est décidé sans la Tchécoslovaquie. 

Trump accuse également l'Ukraine d'être responsable de la guerre et délégitime le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour ne pas avoir convoqué d'élections malgré la guerre, le considérant comme illégitime, répétant les mêmes arguments, et ce n'est pas une coïncidence, que le président russe Vladimir Poutine. Pauvre Ukraine, c'est déjà vendu.

En bref, compte tenu des événements récents, la bannière de l’apaisement est une fois de plus levée, discréditant l’Europe dans sa recherche d’une « paix juste et durable » et laissant l’Ukraine en dehors de la diplomatie parallèle de Trump pour mettre fin à la guerre. Mais que personne n’oublie qu’après la signature des accords de Munich en 1938, Hitler envahit toute la Tchécoslovaquie, rompant ainsi l’accord, et la Seconde Guerre mondiale éclata. Sommes-nous à la veille d’une répétition des tristement célèbres pactes de Munich, avec des conséquences imprévisibles ?

Quoi qu’il en soit, ce qui est clair comme de l’eau de roche, c’est que l’administration américaine semble déterminée à imposer la « paix russe » à l’Ukraine, malgré quelques légères avancées russes à Koursk et dans le Donbass et l’impasse sur les lignes de front. Les Ukrainiens, quant à eux, sont confrontés à un dilemme : continuer à se battre malgré des progrès limités ou céder du territoire aux Russes afin de parvenir à un accord honteux avec Moscou qui mettrait fin à la guerre.

Pour l'instant, le président américain Donald Trump s'est déjà entretenu avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à au moins deux reprises, et une rencontre décisive en face à face devrait prochainement mettre fin à la guerre. L'Ukraine a été exclue des premiers pourparlers qui se sont tenus à Riyad, en Arabie saoudite, entre les délégations russe et américaine.

Trump n'a pas l'intention de compter sur l'Europe dans la recherche d'une solution au conflit, simplement pour l'humilier et la mépriser en montrant son côté le plus perfide, ni sur l'Ukraine, qui est la partie occupée et envahie, mais simplement pour s'attirer les faveurs de Poutine pour se présenter comme un grand leader mondial qui a obtenu la paix à tout prix et pour se concentrer sur ce qu'il considère comme son plus grand ennemi : la Chine.

Quant aux « bonnes intentions » de Poutine, elles incluent clairement l’annexion des régions occupées de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijia, qui a déjà été annoncée et approuvée par la Douma d’État russe (le pouvoir législatif) en octobre 2022, et de la péninsule de Crimée, occupée et annexée par la Russie en 2014. 

La Russie, qui a toujours dédaigné le dialogue et la recherche de solutions négociées avec ses voisins, a pourtant gagné la guerre en Ukraine. Si le crime de Trump contre l’Ukraine et ses alliés occidentaux, qu’il tente désormais de mépriser et d’exclure de la recherche d’une solution négociée, se confirme, rien n’arrêtera Poutine. Mais n’oublions pas que la Russie a dans son viseur la Pologne, la Moldavie et les pays baltes. Moscou, qui n’a jamais accepté la perte définitive de ces territoires, continuera à déstabiliser et à générer des conflits. Désormais, rien ne garantit que le parapluie protecteur de l’OTAN défendra ces pays s’ils sont attaqués tant que Donald Trump restera à la Maison Blanche. Attention, des temps turbulents arrivent, l’Ukraine a été trahie.