Par Oded Ailam
L'attaque surprise : choc au Hamas
Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont lancé une opération militaire de grande envergure dans la bande de Gaza lundi soir dernier : une attaque précise et déterminée qui a frappé la direction du Hamas au moment précis où l'organisation pensait commencer à se remettre et à se reconstruire après la phase précédente de combats. Le choc au sein du Hamas est évident, car l’élimination réussie de figures clés de ses ailes militaire et politique à Gaza envoie un message clair et fort : Israël ne permettra pas à l’organisation de continuer à reconstruire son pouvoir et à mener des négociations à partir d’une position de supériorité.
Comme le dit un proverbe arabe bien connu : « Si ton ennemi est pressé, ralentis son avance. Si c'est lent, confondez-le.
Le Hamas a poursuivi précisément cette stratégie : des négociations interminables et prolongées visant à épuiser Israël et à améliorer sa propre position. L’organisation terroriste comprend que les otages sont son principal atout et estime donc que le temps joue en sa faveur.
Le Hamas bloque les négociations
Ces dernières semaines, il est devenu clair pour tout le monde que le Hamas n’est pas vraiment intéressé à parvenir à un accord final pour le retour de tous les otages. Au lieu de cela, il a utilisé les négociations comme une tactique pour renforcer sa position militaire et politique. Le Hamas a ajouté de nouvelles exigences qui n'ont jamais été incluses dans le document original présenté par l'envoyé spécial américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui a insisté sur un cessez-le-feu prolongé sans faire de concessions significatives et a placé ses espoirs dans la pression interne au sein d'Israël pour le forcer à accepter pleinement les conditions du Hamas.
Parallèlement, le Hamas a continué à recruter des combattants, à restaurer son réseau de tunnels, à poser des explosifs et à recevoir un soutien indirect de la Ligue arabe et de l’Égypte, des organisations qui n’ont pas explicitement exigé que le Hamas désarme ou cesse d’exister en tant qu’entité politique.
Briser le paradigme : renouveler la pression militaire
Israël a décidé de briser le paradigme en reprenant l’action militaire. Si cette mesure comporte des risques pour les otages, l’alternative – donner au Hamas plus de temps pour se préparer et consolider son contrôle – est bien pire. De nouveaux retards pourraient entraîner la mort des otages dans les tunnels, alors que l’armée israélienne serait obligée de combattre un ennemi plus fortifié et plus enhardi. La reprise des combats vise à exercer une réelle pression et à faire comprendre aux dirigeants du Hamas qu’ils ne peuvent pas continuer à perdre du temps et à dicter les règles du jeu.
Comme l’a dit un jour Napoléon Bonaparte : « Un coup soudain et douloureux vaut mieux que cent conversations inutiles. »
Israël a choisi exactement cette stratégie : ne pas se laisser entraîner dans des négociations sans fin qui ne profitent qu’au Hamas, mais appliquer une force calculée et puissante pour créer un véritable changement sur le terrain.
Les analystes avaient tort : Trump et le feu vert pour Israël
Même avant la reprise des combats, de nombreux analystes en Israël prédisaient que l’administration Trump ne permettrait pas à Israël d’utiliser une force significative à Gaza. Ils ont fait valoir que le président ne s’intéressait qu’à « mettre fin aux guerres » et ne soutiendrait pas une opération militaire à grande échelle. Ces hypothèses se sont avérées complètement fausses : quiconque connaissait le caractère de Trump, un magnat de l’immobilier new-yorkais coriace, savait que dans un moment critique, il n’hésiterait pas à donner une réponse énergique.
Dans les années 1980 et 1990, Trump a expulsé de force des locataires à Atlantic City, dans le New Jersey et à New York, en utilisant parfois des tactiques de type mafia pour faire avancer ses projets immobiliers. Il ne s’agit pas de justifier ou de louer ses méthodes, mais c’est comme ça qu’il est. Lorsqu’il voit qu’il y a un intérêt en jeu, il agit de manière décisive. À l’heure actuelle, l’intérêt des États-Unis est de faire preuve de retenue et de soutenir Israël contre le Hamas, l’Iran et le Hezbollah.
Un message à l'Iran et au Hezbollah
L’action d’Israël envoie un message clair au-delà de la bande de Gaza. Le fait que les Américains aient donné le feu vert à cette opération indique au Hamas et à ses partisans qu’ils ne doivent pas s’attendre à une quelconque clémence de la part des États-Unis. Le Hezbollah, qui s’est abstenu d’intensifier son offensive sur le front nord, estime qu’Israël bénéficie d’un soutien fort et que les actions des Houthis ou d’autres ne modifieront pas le paysage stratégique. Le Hamas se retrouve désormais plus isolé que jamais, alors que ses alliés au Moyen-Orient commencent à réaliser que poursuivre ce combat est une cause perdue.
L'effort diplomatique nécessaire
Outre la pression militaire, Israël doit également agir sur le front diplomatique pour isoler davantage le Hamas. Premièrement, il faudrait faire pression sur les États-Unis pour qu’ils exercent une forte pression sur la Ligue arabe et sur l’Égypte afin de faire comprendre au Hamas que le maintien de sa position entraînerait une coupure complète de son soutien et un isolement total. L'invitation précipitée d'une délégation du Hamas au Caire mardi après l'attaque indique que le message d'Israël a été reçu haut et fort.
Solidarité nationale
La décision de reprendre les combats a été prise à l’unanimité par les dirigeants politiques et sécuritaires, soulignant son importance stratégique. Désormais, l’opinion publique israélienne doit faire preuve d’unité et de solidarité, en évitant tout discours politique conflictuel qui pourrait affaiblir l’impact de l’opération et renforcer les revendications du Hamas sur la scène internationale.
Israël ne tombe pas dans le piège temporel du Hamas et ne lui permet pas de dicter les règles du jeu : il brise le paradigme, agit selon son propre calendrier et redéfinit les termes de l’engagement. Il y a des raisons de croire que cette mesure ramènera le Hamas à la table des négociations avec la conviction renouvelée que les règles ont changé.
source: Centre de Jérusalem pour la sécurité et les affaires étrangères
Oded Ailam il était chef de la division antiterroriste du Mossad et actuellement es chercheur au Centre de Jérusalem pour la sécurité et les affaires étrangères.